jeudi 27 octobre 2011

Le nouveau chef

Penché sur mes études dans une capitale qui n’est pas la mienne, dans une métropole que nous avons vaincu, je suis comme tout haïtien de la diaspora l’actualité de mon pays. Nous savons tous que le degré de perception diminue avec la distance mais que les sentiments sont encore plus profonds et plus attachants. Si chacun de nous pense retourner à un moment quand même dans notre cour, le cadre qu’on nous prépare ne cesse pas d’être désagréable.

Après des semaines de tractations d’élections fausses ayant abouti à de faux chefs, à de faux leaders, suivent les luttes intestines pour qui trouvera le plus d’intérêt a la nomination du nouveau premier ministre dans un pays sans chef. Gary Conille est passé entre plusieurs manches pour arriver à ce poste. Après tout ce n’est que de la politique aussi ancienne que nous la connaissons, pour s’affirmer dans l’arène il faut prendre les couleurs de la majorité, selon Hegel, c’est par le chef suprême que doit s’affirmer la cohésion de la société, l’état aurait pour but de résoudre les conflits, qu’il tiendrait le rôle d’arbitre. Aujourd’hui nous constatons qu’il n’y a aucun arbitre dans l’arène ou plutôt s’il y en a un il n’est pas vu au grand jour.

Pour Durkheim toute nation se réunit autours de principes sacrés et le chef symbolise ce sacré, infranchissable. C’est d’après ces réflexions que dans les débats récents, certains sénateurs qui étaient d’abord pour la nomination d’un premier ministre quelque soit ce que cela coute ont décidé de s’abstenir parce qu’ils ne voyaient pas clairs, ils ont douté de tout et ils ont par des arguments tirés d’observations quelque peu élémentaires justifié leurs abstentions. Nous disons élémentaires parce qu’il n’ont pas développé toute l’étendue de leurs arguments et qu’ils avoueront d’eux même qu’ils se sont trompés de cible, parce que si ce nouveau premier ministre est de source douteuse, la primordiale préoccupation devrait être le choix de cet homme fait par leur président internationaliste, la décoration de Bill Clinton par ce même homme et le mutisme catégorique d’une nation qui n’en a rien a voir.

Entre vote technique et politique, le premier n’a aucun sens, parce que les politiciens sont élus pour décider là ou les technocrates échouent, ils sont là pour défendre la dimension humaine et symbolique de la nation. La constitution haïtienne est désuète et accordons nous que si un référendum se fait auprès du peuple pour leur demander s’ils sont en accord avec leurs lois ils répondront par la négative. Ce genre de principe n’est donc pas sacré en Haïti, a vrai dire franchissable. Changer ces principes est une urgence et les bafouer ou pas ne sont pas des préoccupations du peuple.

Platon nous dit que le chef doit éclairer la nation. Si Martelly trouve qu’il est un chef et qu’il se vante de parler clairement, récemment il est assez trouble. On dit que les choses sont roses en Haïti, le peuple accroupi dans sa misère est peut-être daltonien. La problématique haïtienne est si vaste qu’à chaque problème découvert on se demande intuitivement sa cause, j’en ai discuté avec des collègues économistes et constitutionnalistes, il semblerait que c’est un jeu à somme nulle. Penché sur l’aspect social de nos blessures, on remarque que si les classes sociales disparaissent progressivement dans les pays économiquement plus riches, elles sont encore présentent ici, et que la classe populaire ne se reconnait pas en tant que classe ouvrière mais classe de chômeurs, de malheureux.

Leur chance est peut-être à saisir sous la présidence Martelly, même si la priorité gratuite de l’éducation n’a pas encore complètement atterri et face à l’incompétence visible de Sweet Micky et malgré la séparation incessante entre les discours et les actes, il faut se placer dans le bon sens de l’histoire et supporter toute initiative de l’administration actuelle, supporter la compétence du nouveau premier-ministre et le placer en chef inconditionnel de la nation en devenir, ne pas inciter son alliance mais plutôt sa mésalliance avec les faux donateurs qui donnent depuis que la nation souffre et demande encore plus de dons.

L’important est que l’ensemble de ceux qui occupent les medias pousse le nouveau chef a penser indépendance au lieu de l’y ancrer s’ils veulent durer, car ce n’est que dans l’indépendance que se trouve leur salut. L’indépendance c’est arrêter de douter de sa propre puissance pour affirmer à la transversal comme Descartes que nous sommes, nous existons face au monde, et déduisons en logiquement la seule vérité indubitable, je suis chef et ainsi un peu en profiter, parce qu’être chef d’un pays libre c’est être au dessus entre 25 000km de tout autre homme qui voudrait s’immiscer dans la corruption et l’aide de sangsue, Les rats politiques pourraient s’ils sont intelligents ainsi sortir de l’ombre car étant dominants dans l’arène, ils utiliseront le processus démocratique et leur possibilité de s’opposer à toute tentative dictatoriale.

C’est ainsi qu’en refusant le lobbying tout un nouveau pays s’offre les premiers jours de son existence. Nous ne conseillons pas un refus systématique des offres ce qui serait irresponsable et provoquerait sans doute des blocages à l’image de Cuba mais une visée de développement axé principalement sur ses propres ressources, sur une nouvelle constitution, l’existence de principes, en acceptant l’aide de façon à mettre tous les donateurs sur une balance équitable et leur proposer la même considération. Ce que nous remarquons bien au contraire c’est la position atlantiste de sweet micky, or comme le dit Marcel Mauss chaque don occasionné mais celui qui reçoit dans l’embarras d’une dette. Je me souviens avoir vu Aristide dans ses premiers jours de gloire, lors d’une messe déclamé « Qui est la cause de nos malheurs ? » et tous les fidèles de répéter « les États-Unis » et lui de poursuivre « Ils disent que nous sommes sous-développés et pourtant ce sont eux qui sont sous-développés, ils sont sous-développés au niveau humain » il s’agira de prouver cette affirmation.

Fabian Charles