jeudi 27 octobre 2011

Le nouveau chef

Penché sur mes études dans une capitale qui n’est pas la mienne, dans une métropole que nous avons vaincu, je suis comme tout haïtien de la diaspora l’actualité de mon pays. Nous savons tous que le degré de perception diminue avec la distance mais que les sentiments sont encore plus profonds et plus attachants. Si chacun de nous pense retourner à un moment quand même dans notre cour, le cadre qu’on nous prépare ne cesse pas d’être désagréable.

Après des semaines de tractations d’élections fausses ayant abouti à de faux chefs, à de faux leaders, suivent les luttes intestines pour qui trouvera le plus d’intérêt a la nomination du nouveau premier ministre dans un pays sans chef. Gary Conille est passé entre plusieurs manches pour arriver à ce poste. Après tout ce n’est que de la politique aussi ancienne que nous la connaissons, pour s’affirmer dans l’arène il faut prendre les couleurs de la majorité, selon Hegel, c’est par le chef suprême que doit s’affirmer la cohésion de la société, l’état aurait pour but de résoudre les conflits, qu’il tiendrait le rôle d’arbitre. Aujourd’hui nous constatons qu’il n’y a aucun arbitre dans l’arène ou plutôt s’il y en a un il n’est pas vu au grand jour.

Pour Durkheim toute nation se réunit autours de principes sacrés et le chef symbolise ce sacré, infranchissable. C’est d’après ces réflexions que dans les débats récents, certains sénateurs qui étaient d’abord pour la nomination d’un premier ministre quelque soit ce que cela coute ont décidé de s’abstenir parce qu’ils ne voyaient pas clairs, ils ont douté de tout et ils ont par des arguments tirés d’observations quelque peu élémentaires justifié leurs abstentions. Nous disons élémentaires parce qu’il n’ont pas développé toute l’étendue de leurs arguments et qu’ils avoueront d’eux même qu’ils se sont trompés de cible, parce que si ce nouveau premier ministre est de source douteuse, la primordiale préoccupation devrait être le choix de cet homme fait par leur président internationaliste, la décoration de Bill Clinton par ce même homme et le mutisme catégorique d’une nation qui n’en a rien a voir.

Entre vote technique et politique, le premier n’a aucun sens, parce que les politiciens sont élus pour décider là ou les technocrates échouent, ils sont là pour défendre la dimension humaine et symbolique de la nation. La constitution haïtienne est désuète et accordons nous que si un référendum se fait auprès du peuple pour leur demander s’ils sont en accord avec leurs lois ils répondront par la négative. Ce genre de principe n’est donc pas sacré en Haïti, a vrai dire franchissable. Changer ces principes est une urgence et les bafouer ou pas ne sont pas des préoccupations du peuple.

Platon nous dit que le chef doit éclairer la nation. Si Martelly trouve qu’il est un chef et qu’il se vante de parler clairement, récemment il est assez trouble. On dit que les choses sont roses en Haïti, le peuple accroupi dans sa misère est peut-être daltonien. La problématique haïtienne est si vaste qu’à chaque problème découvert on se demande intuitivement sa cause, j’en ai discuté avec des collègues économistes et constitutionnalistes, il semblerait que c’est un jeu à somme nulle. Penché sur l’aspect social de nos blessures, on remarque que si les classes sociales disparaissent progressivement dans les pays économiquement plus riches, elles sont encore présentent ici, et que la classe populaire ne se reconnait pas en tant que classe ouvrière mais classe de chômeurs, de malheureux.

Leur chance est peut-être à saisir sous la présidence Martelly, même si la priorité gratuite de l’éducation n’a pas encore complètement atterri et face à l’incompétence visible de Sweet Micky et malgré la séparation incessante entre les discours et les actes, il faut se placer dans le bon sens de l’histoire et supporter toute initiative de l’administration actuelle, supporter la compétence du nouveau premier-ministre et le placer en chef inconditionnel de la nation en devenir, ne pas inciter son alliance mais plutôt sa mésalliance avec les faux donateurs qui donnent depuis que la nation souffre et demande encore plus de dons.

L’important est que l’ensemble de ceux qui occupent les medias pousse le nouveau chef a penser indépendance au lieu de l’y ancrer s’ils veulent durer, car ce n’est que dans l’indépendance que se trouve leur salut. L’indépendance c’est arrêter de douter de sa propre puissance pour affirmer à la transversal comme Descartes que nous sommes, nous existons face au monde, et déduisons en logiquement la seule vérité indubitable, je suis chef et ainsi un peu en profiter, parce qu’être chef d’un pays libre c’est être au dessus entre 25 000km de tout autre homme qui voudrait s’immiscer dans la corruption et l’aide de sangsue, Les rats politiques pourraient s’ils sont intelligents ainsi sortir de l’ombre car étant dominants dans l’arène, ils utiliseront le processus démocratique et leur possibilité de s’opposer à toute tentative dictatoriale.

C’est ainsi qu’en refusant le lobbying tout un nouveau pays s’offre les premiers jours de son existence. Nous ne conseillons pas un refus systématique des offres ce qui serait irresponsable et provoquerait sans doute des blocages à l’image de Cuba mais une visée de développement axé principalement sur ses propres ressources, sur une nouvelle constitution, l’existence de principes, en acceptant l’aide de façon à mettre tous les donateurs sur une balance équitable et leur proposer la même considération. Ce que nous remarquons bien au contraire c’est la position atlantiste de sweet micky, or comme le dit Marcel Mauss chaque don occasionné mais celui qui reçoit dans l’embarras d’une dette. Je me souviens avoir vu Aristide dans ses premiers jours de gloire, lors d’une messe déclamé « Qui est la cause de nos malheurs ? » et tous les fidèles de répéter « les États-Unis » et lui de poursuivre « Ils disent que nous sommes sous-développés et pourtant ce sont eux qui sont sous-développés, ils sont sous-développés au niveau humain » il s’agira de prouver cette affirmation.

Fabian Charles

lundi 22 août 2011

Qui bloque notre pays?

La question qui prélude à toutes les autres et qui n’est pas si facile à répondre est qui dirige le pays dans lequel nous vivons tous ? Haïti semble aujourd’hui plus qu’avant le 14 Mai en situation d’anarchie totale ou tout le monde s’improvise chef, ou chaque citoyen pense avec force et sans recul posséder plus d’autorité que son prochain, être d’un métier ou d’une classe différente de l’autre, pour remettre sans cesse en avant la question est-ce que finalement un lion ne serait-il pas supérieur a un éléphant ? Nous n’obtiendrons jamais réponse. Einstein dit qu’un problème sans solution est un problème mal posé.

La situation d’Haïti est encore plus complexe parce que nous ne savons pas qui pose mal le problème, et qui devrait le poser. Nous sommes tous coupables. Durant ces derniers mois, le président a tenté d’atteindre la racine de la faille, l’éducation obligatoire et gratuite pour tous, inspiré d’un article de la constitution de 1987 dépassée mais gardée par lui-même en éliminant l’amendement constitutionnel déclaré par le parlement en 2011. Qui bloque le pays ou plutôt qui cherche à le faire avancer ?

Dans la population les opinions sont mitigées, le dixième de la masse populaire ayant installé l’homme rose à la présidence sont assurés qu’il s’agit du parlement puisque le président désigne des premiers ministres et qu’on les rejette parce qu’ils ont oublié que l’amendement constitutionnel des parlementaires avait été rejeté par l’exécutif et que ce dernier avait promis qu’il allait se battre contre tous les rats de la politique qui sont sur la scène depuis vingt-cinq ans. Nous assistons à une guerre fratricide.

Pire, le pays ne se sent même pas bloqué, les haïtiens se sentent dans une continuité qui dure à n’en plus finir et que leurs récents votes a deux tours ont été oubliés. Le spectacle est ennuyeux, on ne pourrait même plus parler de théâtre puisque les mêmes acteurs continuent ce même jeu à somme nulle comme l’a titré un valeureux éditorialiste. Si nos leaders ne nous éclairent pas comme l’aurait espéré Platon, qui nous sortira de l’intense black-out dans lequel berce la capitale et le reste du pays sujet aux viols et aux kidnappings sous les tentes. L’exécutif ne fait rien, quand nous disons exécutif nous ne parlons sûrement pas de la présidence puisqu’elle n’a aucun pouvoir, le gouvernement démissionnaire qui gère les affaires courantes est intouchable puisqu’ils ne devraient pas être à leur place. Le problème c’est nous semble t il encore qui avons mal voté.

Il y a une solution ! C’est que nous plaçons des gens compétents au dessus de nous. Mais cela tout le monde le sait mais nous refusons de le faire parce qu’émotionnellement chacun de nous ne décide pas de se considérer dans une logique patriotique égal au cireur de chaussures pas économiquement mais au moins environnementalement. Quand une majorité de la population est absente du processus politique ce sont les anciens qui demeurent ou les nouveaux corrupteurs qui s’immiscent. Ce pays ne se développera pas dans aucune autre voie que la politique pure parce que c’est la que complotent la mafia et qu’il faudra la faire disparaître.

La ratification du gouvernement ne changera rien à la cause de la présidence puisqu’elle a déjà son propre avion garé dans notre aéroport désastreux et qu’elle voyage pour refaire l’image d’Haïti à l’étranger prenant l’international pour des dupes et des complices au marketing. Aujourd’hui le rôle de la présidence est de prendre en charge le gouvernement actuel mais elle préfère s’abstenir puisqu’elle avait fait des promesses trop clairement irréalisables comme l’éducation obligatoire et gratuite au début du mois de septembre. Mais aujourd’hui les parents se plaignent du coût élevé de l’éducation, les prêtres et pasteurs se plaignent de la destruction de leurs églises et de l’immoralité de leurs fidèles, les parlementaires se plaignent des campagnes antiparlementaire en s’abstenant de voter pour ou contre le changement, une population absente a son propre développement, qu’est-ce qui reste après tout, le repli doctrinaire, les même actes passées, S.O.S leadership ! J’ai décidé d’être un jeune politicien.

Nous ne savons pas encore qui dira non au bluff, de celui qui a annoncé avoir eu dix-huit sénateurs dans son camp et une majorité de députés pour les prochains débats, à ceux qui ont décidé de retourner d’Afrique du sud pour traiter d’éducation, aux perdants électoraux qui n’ont jamais démontré leur capacité de meneur de jeu. Aucune majorité au sein du parlement, aucune majorité parmi l’exécutif, aucune majorité au sein de la population qui s’exprimera peut-être dans les urnes en fin d’année, d’élections qui se dérouleront, osons le croire avec un conseil électoral en fuite, dont trois membres devraient être de façon permanente nommés par l’exécutif.

Certains disent qu’un homme ne peut pas changer une nation. Mais pour débloquer ce pays il ne faudrait qu’un homme impartial capable d’unir les deux camps jouant les enfants indisciplinés, un homme compétent nommé par la majorité politique c'est-à-dire celle du peuple, et qui n’a pas les mains liées pour donner répit aux actes passées et garantir les deux camps qu’il ne s’agit uniquement que de leurs actes présents. La stratégie n’est pas un mot négatif, il s’agit simplement de braver sa peur interne pour aller négocier avec les mains cachées derrière les pierres. Il y a-t-il une carence de nègres ici ?

Fabian Charles

vendredi 22 avril 2011

message à la nouvelle administration

Notre bicolore ne tombera pas. Cette affirmation peut sembler désuète et téméraire quand après deux siècles d’indépendance nous avons vu vers quoi cet acte passionnel nous a amené. La division clamée haut et fort et le renvoi au beau milieu de son mandat d’un régime démocratiquement élu, sont entre autres les conséquences néfastes de politiques consistant à obtenir le pouvoir pour le pouvoir. Ce qu’il faut aujourd’hui éviter est plus que jamais l’ingérence internationale, au nom de l’humanitaire. Il nous faut donc reprendre notre chère souveraineté en travaillant à rendre cette nation plus forte, moins vulnérable.

Monsieur Michel Martelly est élu après la stabilité stagnante et non productive d’un mandat de Préval mais au moins, avec la garantie pour ce dernier d’avoir entamé le processus démocratique en passant l’écharpe présidentielle à un autre président installé par la voie des urnes, cela nous rappel 2001, les années qui suivent devront être d’une autre mélodie. Nous ne nous attarderons pas sur la manière de la prise de pouvoir, mais nous avons observé une pale performance des vingt années de régime de gauche, que la Communauté internationale à force de promesses non tenues et de blocus plus ou moins avoués a laissé s’ enferrer dans un mandat stérile.

La commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti nous rappelle plusieurs étapes historiques dont le plan Marshall utilisé pour relever l’Europe après la seconde guerre mondial et contrer tous les fléaux de gauche. Ce n’est pas d’aujourd’hui que la droite est au pouvoir. Nous avons connu des périodes depuis bien des années qu’on pourrait qualifier d’extrême anarchisme même car par coup d’états et captures de nos hommes d’états, acculés à l’exil, Haïti a perdu quelques os de sa colonne vertébrale. Nous sommes dans une valse à deux temps et votre nouveau régime, Monsieur le président élu, devra savoir comment mettre le premier pas pour ne pas trébucher avant de déposer le deuxième.

La première étape de la nouvelle administration devra être la réconciliation, pas celle que tout le monde attend dans une sorte de dégustation médiatique entre les forces non actives de la nation mais entre les divers secteurs qui peuvent effectivement permettre une reconstruction équilibré entre les besoins de la nation et leurs propres intérêts. Le danger que colporte ce nouveau système de direction dit de droite est qu’il peut passer facilement aux yeux du peuple comme puissance « bling bling » favorisant les besoins d’une minorité, élite économique d’un pays qui patauge dans la misère.

Le nouveau système que vous souhaitez incarner en invitant les divers partis de la nation haïtienne à participer au nouveau gouvernement doit faire rupture avec les anciennes mains basses de l’exclusion qui n’a pas su dépasser la querelle politique afin de penser Etat de droit. La moralité est plus que jamais essentielle au relèvement d’une population ne sachant plus distinguer le bien et le mal, ne sachant pas d’où elle vient ni où elle se dirige. L’éducation civique qu’elle passe par les églises, les écoles ou qu’elle prenne expansion dans la rue est aujourd’hui plus que jamais, une nécessité.

Toutes les structures de l’ordre disparaissent si profondément qu’il a été permis à L’OEA de corriger les résultats d’une de nos plus hautes institutions, disons de corriger notre avenir après que le peuple se soit manifesté de façon assez violente, il est vrai. La réconciliation internationale représenté par la CIRH cache un mauvais germe, celui d’une sainte dépendance, car le passage de la gestion étrangère à celle de cadres haïtiens devra se faire au plus vite, mais il faudra une toute autre politique : concentrer leur activité sur des projets générateurs de revenus pour l’Etat plutôt qu’aux bénéfices d’organismes privés.

Certains régimes de gauche ont réussi dans la remise sur pied économique de leur pays, au Brésil par exemple : le président Lula a accepté un certain compromis avec les multinationales d’originaires étrangères et/ou locales, inventé la bolsa familia qui a répondu aux besoins d’une population satisfaite en fin de mandat. Mais pour cela il faut organiser un certain budget, le slogan inchangé de l’idéologie de cette nouvelle équipe dit « Haïti est trop riche pour être pauvre » devra prouver sa véracité, puisqu’elle est utopique dans l’urgence entre les secteurs primaires et secondaires.

Dans le tourisme cependant, avec un minimum de détermination et d’intelligence des secteurs privés, l’hôtellerie sera dynamisée et la vente de la culture locale, gage de notre identité, et qui n’est pas sujette à la soumission, est la meilleure façon d’affirmer notre authenticité.

Ainsi les hommes d’affaires haïtiens et étrangers cohabiteront dans la paix, dépasseront les discours résiduels de la campagne électorale, souvenons nous de notre passé glorieux, avançons vers le futur en ayant en tête que nous ne voulons pas d’un développement disloqué mais d’une vraie union qui entoure notre seul drapeau, qui se différencie du néocolonialisme et implantera des bases solides et définitives, malgré les médisances nous avons été depuis deux siècles indomptables remuant l’idée d’être capable de devenir l’exemple d’un pays indépendant développé avec ses propres hommes. Nous sommes à quelque pas de la première puissance mondiale, notre malaise a été que nous n’avons pas su cohabiter avec elle et pour ce faire, il faut une bonne ambiance et comme l’a dit Churchill dans son discours à Fulton « ce que j’ai pu voir chez nos amis... m’a convaincu qu’il n’y a rien qu’ils admirent autant que la force et rien qu’ils respectent moins que la faiblesse »
Fabian Charles

dimanche 20 février 2011

Mi Ma

Campagne contre le système est le slogan d’ordre qui nous rassemble tous lors de ces joutes où nous déciderons à nouveau de faire partie d’un pays. Le « Notre » n’est pas l’espace que nous partageons en communauté mais plus loin l’ensemble qui rend possible que nous soyons tel que nous sommes, je ne suis pas sans mon pays, mon pays c’est ma vérité a dit Lamartine. Nous l’avons fort remarqué récemment quand les jamaïcains ont considéré l’équipe nationale de football U-17 à l’égal d’une race inférieure, d’hommes impuissants disqualifiés à cause de leur point de naissance.

Face à cette réduction assez commune parmi nos pays voisins, nous accomplissons l’espace d’un instant la confirmation d’être haïtien, un bloc uni contre l’étranger. La sottise que nous répétons au second tour de la fragile confiance se situe dans cette continuité du « contre » alors que demain nécessite le bémol du « pour », aujourd’hui nous ne pouvons plus choisir universellement un président qui se dresse contre le système actuel sans qu’il organise sa pensée pour le pays et pour nos pères.

Au contraire, il est vrai que la population haïtienne cherche à ressembler à la jeunesse moderne, sujette à l’américanisation, au phénomène de stars et à la promotion individuelle du business. Mais avons-nous cherché jusqu’où ce reste de l’expansion idéal du libéralisme conclue son chemin. La majorité des jeunes haïtiens composant la plus grande partie des votants et de ceux qui espèrent ne rêvent pas d’obtenir une télévision, une voiture personnelle sur la même ligne que l’Europe et l’Amérique à l’aube des trente glorieuses, le jeune haïtien est au bord d’une éradication si poussée qu’il pense plutôt à être beau et vif à travers la propreté des rues sans fatras, sans bidonvilles, la non-faim.

A quitter une terre tombée en friche, il veut avoir des villes plus majestueuses que la capitale voisine, que le dominicain cesse de nous inférioriser. Les candidats actuels ne remplissent pas ce désir universel de ressembler à l’héroïsme passé. Ce qui n’est pas une surprise qu’après infinies années de dictatures propulsant dans l’Amérique latine le libre-échange, il a fallu supprimer le nationalisme, l’autarcie, la production locale.

Les vingt dernières années de régime de gauche ont été un échec. La redistribution des richesses n’est plus un thème de pensée pour le jeune haïtien. Pour reconstruire la conscience d’être, les nouveaux aspirants ont dans leur panier du coté de Mirlande Manigat la promesse de redevenir un sujet capable de négocier et dialoguer en tête à tête avec la communauté internationale sans en être un objet, le départ progressif de la Minustah.

Michel Martelly ne se place pas en héros national, il fructifie l’envie de modernité, d’urbanisme, ce qui ne correspond pas au jeune reculé aux tripes réclamant plus le travail que le progrès, c'est-à-dire ceux qui ont travaillé et acquis une si ample connaissance du terrain qu’il ou elle puisse le permettre de s’élancer dans la même voie. La réussite sociale est plus spirituelle que matérielle. Le rêve haïtien n’est pas la réussite individuelle mais la capacité à nourrir sa propre famille. Ceux qui partent aident massivement ceux qui restent, les transferts de la diaspora accrochée à leur dernier sentiment national pointent vers le sommet. « Ayiti cheri fòk mwen te kite ou pou mwen te ka konprann valè ou » dit une chanson rassembleuse d’Othello Bayard.

Le vote rationnel contre le vote émotionnel ? La stratégie de Michel Martelly aidé par la compagnie Ostos & Sola qui a participé à la campagne électorale de John McCain en 2008 est la médiatisation de sa personnalité de combat qui a pu abattre au premier tour le prétendu passé, créer un effet de mode rhinocéros dramatisé par Eugene Ionesco. Si convaincre la population se résume à un effet de mode, la démocratie actuelle est caduque, nécessite un recyclage acheminant peut-être vers un système proche de la cinquième république gaulliste, d’ailleurs les luttes internes dernières nous font douter de la perfection du régime parlementaire.

Jean Bertrand Aristide conserve une popularité surprenante grâce à la passion qu’il incarnait contre tout ce qui empêche au peuple de s’exprimer. En vue de cet objectif, il a d’abord conquis la passion religieuse qui est primordiale ici quand nous pensons aux résultats étonnant de Chavannes Jeunes en 2006, la sureté étatique incarnée par le vote secret contre tout changement la même année, ce que Sweet Mickey ne réussit pas. Son comportement anarchique sur scène lui fera peut-être pisser du sang.

Nous n’avons pas observé une volonté de meute anti-Manigat après l’anti-Célestin, cela est dû au fait qu’elle a su cultiver une image d’elle attachée au pays et politiquement savante depuis bientôt vingt-trois ans ; sa popularité se base sur la longue répétition nominale au sommet de la politique du couple Manigat qui incarne la sureté et la confiance. Pour pénétrer la conscience paysanne Martelly a un long chemin de campagne à effectuer en un mois disponible. Il n’a pas encore électoralement gagné un seul des départements. Je prédis la fatigue prochaine du mouvement qui l’a choisi s’il cesse de chanter.

Celui ou celle qui gagnera les élections sera le candidat qui démontre une certaine cohérence pas contre mais pour l’amour de chacun envers l’autre. Sociologiquement, les pays dans l’abime choisissent au-delà de l’effet de mode, un dirigeant pensant pour eux-mêmes, les proposant où se situer, poursuivant des idéaux les relevant au-delà des luttes de petits hommes, l’Allemagne avant Hitler. Obama pour vaincre a démontré à travers ses discours qu’il était plus conscient des défis quotidiens et de l’histoire américaine. Haïti est loin d’être un peuple d’ignorant, les chants populaires dominants récemment les carnavals ne sont pas la trivialité Ti Simone mais le défilé de Dessalines de Ram et les raps nationalistes de Barikad Crew désirant recommencer le toup pou yo footballistique.

Nous voulons manger. Cependant nous visons indirectement, d’abord la fierté haïtienne, réduire l’impuissance de nos leaders. Et Victor Hugo chanta, contre l’ivresse rose « s’il n’en reste qu’un, je serai celui là ! »

Fabian Charles

mardi 18 janvier 2011

Jean Claude Duvalier est de retour

Nous allons employer un langage pur et simple pour réfléchir sur le retour récent d’un homme important dans notre bout d’ile qui bruie depuis l’année dernière, aujourd’hui en l’attente d’une forte tension. Nous employons ce discours essentiellement puisque nous voulons surtout toucher la communauté des jeunes qui doit être fin prête pour les prochains défis avenirs qu’elle aura à affronter en commettant moins d’erreurs. Jean Claude Duvalier est de retour mais ce n’est surtout pas le rapatriement d’Ulysse à Ithaque.

Le patriotisme de cet homme pose problème, pas parce que sous sa présidence le drapeau avait d’autres couleurs mais il n’avait crée aucun accrochage véritable à son peuple autre que le vide et la dictature, noms communs depuis mil neuf cent quatre vingt six. Ce n’était pas un dirigeant populaire tant est-il que c’était la grande foule qui descendait dans la rue malgré les balles perçant les corps, habitudes des dictatures féroces de l’époque, traversant la peur d’hommes assassinant à visage découvert, plus criminels que les chimères d’aujourd’hui qui ne le font peut-être pas dans toutes les grandes villes du pays, les haïtiens manifestaient au-delà de l’interdiction pour avoir le droit de dire non.

Ce n’est pas le peuple des derniers jours. L’auteur de cet article n’a lui non plus aucune mémoire de la période mais il suffit de visiter les ruines du Fort-Dimanche ou le coin des Duvalier au Mupanah affaire de poindre son nez sur les relents des cadavres d’antan qui ne sont pas mort de cause naturelle. Certaines familles n’existent plus.

Nous n’allons pas non plus anticiper un mauvais procès à celui qui nous pousse à de la nostalgie maladive. Haïti était un plus bel espace, l’ordre était une priorité et la morale avait une place prépondérante dans nos discours. Même si, elle portait parfois d’étranges concepts. Une différence originelle doit être classée entre le règne du père et de son bébé qui a bénéficié d’un héritage grandiose et difficile, la république d’Haïti et sa position géopolitique dans le temps et l’espace perdu dans un continent où elle se trouve désespérément seule.

La sérieuse tache qui comblait le monde était celle de la décolonisation, François Duvalier en acquérant nos têtes avait prononcé cette promesse de nous redonner la liberté économique que nous possédions vers les heures de notre indépendance. Périsse un principe plutôt qu’un pays ? Les deux ont dégradés avec des dictats à la Batista sous l’égide de la superpuissance américaine. Nous avons cru au faux discours nationaliste calqué sur le noirisme de Dessalines, au faux drapeau composé pourtant de belles couleurs.

Baby doc par contre a possédé nos corps tel l’héritage d’un prince. A 19 ans, il n’avait atteint aucune maturité idéologique, et s’est mis à jouer avec nos mornes en écrivant Jean Claude à vie et dilapidant les fonds de l’état pour les caprices d’autres que ses compatriotes, le pays avait atteint une forme de corruption si profonde que durant son séjour en France l’homme possédait sur la cote d’azur une fortune plus grande que la dette externe d’Haïti.

Ne l’acclamons pas. Hegel disait que la seule façon pour qu’un peuple se reconnaisse en tant qu’ensemble c’est a travers son chef politique, cela a disparu depuis lors. Nous ne nous souvenons pas du temps des Duvalier mais plutôt que nous sommes sorti de très hauts pour tomber au plus bas dans l’anarchie de René Préval. Avant les Duvalier c’était encore meilleur d’où nous comprenons l’attirance des citoyens actuels à vouloir ancien. Mais les jeunes se reconnaissent dans les mauvais visages, ils se trompent de but. Ils choisissent des candidats au fauteuil qui préfèrent chanter à vie au lieu de penser indépendance économique.

Nous sommes en période électoral, Jean Claude Duvalier avait fait vœux en 2004 de venir se présenter pour les élections présidentiels. Il ne doit pas être gras de notre support. Nous sommes pour le changement et non la continuité. Son retour s’est effectué à la date du 16 Janvier, moment planifié pour les suffrages du deuxième tour, sorte de distraction des médias pour empêcher la révolte, dans les faits son retour sera une étape positive car l’apaisement qu’il est venu installer sera profitable à tous pour la crédibilisation des élections et la refonte de l’image de la communauté internationale. Il est quand même temps que l’étranger cesse d’arracher nos élites et que nous votons des gens capables d’autorité morale.